6.11.2006

Détail monumental

1) Les conditions de vie du gratin ne se sont pas dégradées, estimai-je en revenant de cette soirée, tout en dévisageant aux abords de la rue saint Denis un passant qui m’observait d’un air louche, avant de réaliser que c’était mon reflet en vitrine d'une librairie croulant d'ouvrages sur Matisse en vrac, mais rien sur Hopper, constatai-je, à part mon reflet qui s’en approchait par le style penaud. 2) Je me souviens de ce détail sans intérêt, car alors soudain la pluie s’est mise à tomber dru, et j’ai couru si longtemps, que, n’y voyant rien, j’ai passé le porche de mon immeuble. 3) Quand j’ai levé le nez, c’était l’autre bout de la ville déjà, avec seulement un panneau qui annonçait l’exposition Godard au centre Pompidou. 4) Pas de veine, me dis-je an aparté, quatre heures du mat' et il me faut refaire tout ce trajet à l’envers, comme un Godard projeté depuis le générique de fin, ce qui rendrait supportable le temps de retrouver le centre-ville, avec toujours cette pluie tenace sur les arrondissements infra décimaux. 5) Et tout à coup me revoila encore devant le Hopper en vitrine, en reflet à nouveau au milieu des Matisse, passant perpétuel en voie de satellisation. 6) Il ne restait qu’à refaire une fois encore le chemin à l’envers, rendant par là tous les détails quasi monumentaux. 7) C'est comme ça Paris by night, quand tu joues à des jeux de con.
Max Marcuzzi

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